Éditions John Doe

Le livre de base de Hellywood comporte une bibliographie très bien faite du roman noir. Je me permets de donner ici quelques suggestions supplémentaires basées sur mes récentes lectures, en espérant que cela vous intéressera !

Au rayon « roman noir français », le livre de base mentionne avec raison les merveilleux romans, noirs et mélancoliques, du marseillais Izzo. J’abonde en ce sens, mais je voudrais rajouter à la liste les excellents romans de Jean-Patrick Manchette (qu’on trouve réunis en un seul tome, pour un prix raisonnable, en « quarto » chez Gallimard). Situés pour la plupart dans la France des années 70, vous allez dire qu’on est bien loin d’Haven Harbor. Certes, mais ils sont dans le ton : écrits dans un style très sec, et souvent courts, ces romans frappent directement et ne font pas de détour. J’ai lu trois romans de Manchette pour le moment, et les trois sont très bons : Le petit bleu de la côte ouest, Nada, et Fatale.

Retour au states et au classique avec Eddie Muller et son Mister Boxe. La fin des années 40 à San Francisco, un journaliste sportif spécialisé dans la boxe pris dans une sale histoire… On se croirait à Haven Harbor ! Une inspi directe pour Hellywood surtout pour la VO qui voudrait mettre en scène le milieu du sport.

Encore les states, avec Robert Coover et son Noir. Phil M. Noir, détective privé miteux, est engagé par une veuve (noire ?) qui ne tarde pas à se faire dessouder. A partir là commence l’enquête, faite d’allers et retours entre présent et passé, sorte de réjouissant exercice de style. Bon, on ne comprend rapidement plus rien à l’enquête, mais ce n’est pas grave car Coover joue de façon ouverte avec les clichés (ainsi, la ville se résume à quelques quartiers : le bureau de Noir, deux bars, la Ruelle, le tout interconnecté par des tunnels de contrebandiers… comment ça c’est n’importe quoi ? oui bien sûr !). De plus, comment dire du mal d’un livre qui comprend des phrases telles que : « En bref, selon Joe, la vie n’était que maladie, solitude, corruption, cruauté, paranoïa, trahison, meurtre, cynisme, impuissance et peur, et puis il y avait aussi le mauvais côté des choses. » Très littéraire, mais amusant.

Et j’ai gardé le meilleur pour la fin. On repasse l’atlantique, direction l’Angleterre avec David Peace et son roman très très noir 1974, premier volet d’une tétralogie que l’auteur a consacré à l’envers de l’histoire du Yorkshire (qui a parlé d’Ellroy et du quatuor de LA ?). Ce roman m’a proprement sidéré. Ecriture d’une très grande force, personnage principal ancré dans son époque (un journaliste), mais aussi les deux pieds dans les emmerdes du héros hard-boiled (il passe son temps à se faire passer à tabac). Le tout sur fond d’une intrigue mêlant des crimes horribles d’enfants à des magouilles politico-immobilo-sportives sur fond de crise sociale. Je n’ai pas encore entamé la suite de cette tétralogie, mais ça ne saurait tarder vu la qualité de ce livre. A noter que malgré le décalage spatio-temporel apparent entre le Yorkshire des années 70 et Haven Harbor, l’intrigue est à mon avis quasiment directement transposable en un scénario Hellywood.

Voilà, c'était les conseils du jour

1974, de Peace, est paru chez Rivages Noir, et est suivi d'autres volumes, c'est bien cela ? 1977, 1980 etc...
Il est sur ma pile de trucs à lire, du coup, je vais le faire remonter un petit peu

Pour ma part, je suis encore (et toujours !) dans l'intégrale du 87ème District, d'Ed Mc Bain, cette fois le cinquième volume. Plus le temps passe, plus ça se durcit. Si vous voulez faire jouer des flics, quasiment tout est exploitable, depuis les intrigues jusqu'aux pnj, sans même parler des aides de jeux déjà prêtes (Mc Bain produit rapports d'enquêtes, d'autopsie, carnets intimes des victimes etc...). Et même si vous ne jouez pas de flics, il y a suffisamment de détails sur le quotidien des criminels, des gangs, des flics mais aussi des victimes pour abreuver n'importe quelle campagne. Cette série est une pure merveille !

ah oui, très bien McBain; on y trouve aussi des permis de port d'arme, des extraits de casier judiciaires...
L'histoire du 47e district d'Isola (autre ville imaginaire), dans l'intégrale Omnibus, fait quand même plusieurs milliers de pages; heureusement pour le lecteur les romans, lisibles individuellement, sont assez courts (précision pour ceux qui se seraient étouffés en apercevant l'épaisseur des recueils chez leur libraire)
Bon, je crois quand même que je vais lever le pied côté biblio et ... finir le livre de base d'Hellywwod!

Alors je te conseille la version Omnibus, en 8 volumes, chaque volume accueillant 6 ou 7 romans de la série... Oui, il y a plus de 50 romans en tout (mais comme dit plus haut, ils sont courts, en tout cas jusqu'aux années 80 où ils deviennent plus longs, mais du coup, y en a moins).

bon, je ne l'ai pas lu mais ça vient de sortir, et cela pourrait intéresser des MJ de Hellywood, donc je le poste :

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Si quelqu'un le lit je serais d'ailleurs curieux d'avoir sa critique.

Hum, intéressant !
Et de la part de Jean-Bernard Pouy, on peut s'attendre au meilleur

Eva, de James Hadley Chase.

j'ai acheté ce petit roman parce que la couverture présentait un plissé, comme un drap de satin froissé, qui m'a plu. Comme quoi, à quoi ça tient...

C'est un roman noir sans être un polar, l'jistoire un homme dont le succès repose sur un mensonge, une usurpation, et qui est attiré par une bien mauvaise femme. Même si le roman présente entre autre un auteur, un producteur, c'est loin d'être une présentation du monde du cinéma pour autant. Disons que c'est un décor, un genre donné au texte, sans être très détaillé.

C'est surtout un type coincé dans ses mensonges, attiré par une femme de mauvaise vie qui lui sacrifie, ben, tout. Quelques descriptions plutôt pas mal pour décrire une roulure, un destin qui bascule inexorablement qui peut être repris pour un scénario, bref de quoi passer quelques agréables heures de lecture sans être un super chef d'oeuvre non plus.

Bonne lecture ^^

J'ai enfin terminé ma lecture de la tétralogie du Yorkshire de David Peace (1974, 1977, 1980 et 1983). J'ai mis le temps, car entre chaque tome (dévoré en une semaine maxi), je lisais d'autres choses pour prendre une bonne respiration et revoir la lumière. En effet, ces quatre romans sont d'une égale qualité et d'une égale noirceur, et dessinent un tableau absolument terrifiant d'une époque et d'une région. Il s'agit vraiment d'une lecture éprouvante. Pour vous dire les choses d'une façon simple, je dirais qu'à côté du Yorkshire de David Peace, le Los Angeles de James Ellroy, c'est Disneyland.

A noter que David Peace vient de commencer une nouvelle série de romans qui ont pour toile de fond la reconstruction du Japon après la seconde guerre mondiale (l'auteur vit au Japon). Le premier tome est paru en français chez Rivages et s'appelle Tokyo année zéro.

Est-ce que des gens d'ici auraient déjà lu le dernier Dennis Lehane : Un pays à l'aube ? Si oui, pourraient-ils en faire un retour ?

Thanks.

Oui, dévoré en très peu de temps mais je suis un fan inconditionnel de Lehane.
Pour résumer, le cadre du bouquin est le Boston des années 20. En prenant comme personnage principal un jeune flic irlandais idéaliste, Lehane dresse le portrait d'un pays en pleine essor industriel, tiraillé entre les véléités de liberté du monde ouvrier et la volonté de préserver ses acquis par les grandes familles fondatrices.

L'ambiance de l'époque est vraiment bien rendue, tout comme les conditions de travail des policiers d'après-guerre. Il n'y a pas réellement de plot mais un portrait immense de l'époque.

Pour Hellywwod, certains personnages sont vraiment taillés sur mesure (le Chef de la Police, le Lieutenant Irlandais, le héro principal, etc.).

Je recommande très chaudement !

Merci l'ami. Ça me conforte dans l'idée de courir l'acheter. Lehane c'est bon, faut en manger même au petit déj'.

Je reviens de recevoir mon exemplaire J'adore Lehane (à la seule exception de Shutter Island que j'ai trouvé très surfait).

J'ai fini les 4 bouquins de David Peace dont parle Humphrey un peu plus haut, faut que je prenne le temps de faire une petite fiche inspis pour Whispers. En un mot, c'est bien mais sacrément dur, parfois jusqu'à l'insoutenable